dimanche 17 avril 2011

Artic Computing - l'effet boule de neige


Artic Computing est un exemple de réussite à retenir. Avec 200 F en 1981 et ses dix-huit ans, Richard Turner a réalisé en 1983 près de 1 million de francs de chiffre d'affaires.




Richard Turner commença d'écrire des programmes en 1980, à l'intention du ZX80. Ses premiers jeux furent Battleships et Star Trek. Les limitations de l'appareil le poussèrent vers les jeux de stratégie, et non d'arcades : « Chaque fois que quelque chose bougeait sur l'écran, le ZX80 effaçait tout, et on ne pouvait donc créer que des jeux de réflexion. Les jeux d'arcade sont venus avec le Spectrum. »

Un programme d'échecs, lancé lors de la première exposition de produits consacrés au ZX, en été 1981, fut son premier grand succès. Turner risqua son va-tout : « La nuit d'avant, nous étions là à copier des cassettes, à l'aide de sept ZX81, et nous les mettions dans des sachets en plastique, avec des instructions que nous avions reproduites sur la photocopieuse de l'école. » Ces efforts ne furent pas vains; Turner ajoute qu'il en vendit pour plus de deux mille francs ce jour-là.

Artic Computing devint une S.A.R.L. la même année, mais son animateur fut contraint de la mettre en sommeil lorsqu'il accepta une bourse de Ford Motor Company afin de suivre des cours d'ingénierie électrique à l'Impérial Collège de Londres. Toutefois ses études ne durèrent qu'un an; Turner décida d'abord d'arrêter un moment, pour pouvoir s'occuper de sa compagnie, puis renonça à toute idée d'études supérieures.

Le siège social de la firme fut d'abord la chambre qu'occupait Richard dans la maison de ses parents, à Hull. Mais le catalogue de logiciel Artic atteignit bientôt 93 titres, et Turner estima qu'il lui fallait des locaux bien à lui. En juillet 1983, il s'installa donc dans des bureaux qu'il occupe encore aujourd'hui, à Brandesburton, Humberside. Artic a embauché du personnel : quinze personnes en tout, dont trois employés chargés des expéditions, et cinq programmateurs à plein temps, qui touchent un salaire fixe, plus des droits d'auteur.
Turner cherche aussi à implanter un réseau de boutiques, les « Artic Software Stations », à travers toute l'Angleterre. Elles ne se limiteront pas aux jeux de la compagnie, et vendront aussi ceux des autres firmes. La première s'est ouverte à Acton, dans le West End londonien, en juillet 1984; elle sert aussi de siège social à la filiale d'Artic à Londres. Délibérément, elle a été installée en dehors des centres commerciaux. Jeff Raggett, le directeur du marketing, précise à ce sujet : « Une boutique dans ce genre d'endroit coûterait les yeux de la tête, bien plus que ce que nous avons à débourser ici, ce qui fait qu'il est beaucoup plus facile de couvrir les frais. On nous a traités de malades parce que nous ouvrions des boutiques, mais au moins nous pourrons voir ce qui se vend, et discuter avec les clients de ce qu'ils aiment dans les jeux. »

Autre innovation, des présentoirs pouvant accueillir jusqu'à 64 cassettes. Ils sont vendus aux marchands de journaux; les clients peuvent ainsi s'approvisionner directement, sans avoir à se rendre chez les revendeurs spécialisés. Selon Jeff Raggett, l'opération a été un grand succès.

Artic a enfin l'intention de prendre une place sur les marchés étrangers, et prospecte en Europe pour y parvenir. Aux États-Unis elle a signé un contrat avec deux firmes cotées, Softsync et International Publishing Corporation qui établit un réseau de distribution réciproque.

Les plus gros succès d'Artic à ce jour sont Bear Bovver (plus de 40 000 exemplaires), Galaxians et Gobbleman. World Cup, un programme pour le Spectrum, s'est vendu à 5 000 exemplaires en trois semaines.

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