samedi 16 avril 2011

Dresseurs de puces (Zilog Z80)


Lorsqu'en 1977 Zilog Inc. lança sur le marché le microprocesseur Z80, peu de gens eurent l'impression d'assister à une révolution. Pourtant, le Z80 est entré dans presque tous les foyers.




L'histoire de Zilog commence au début des années soixante-dix. Frederico Faggin et Masa-toshi Shima, deux employés d'Intel — un producteur de circuits intégrés — décidèrent de fonder leur propre compagnie. Ils avaient participé à la mise au point du 8080A (qu'on a décrit comme étant « le premier ordinateur contenu dans une puce »). Tirant parti de cette expérience, ils entreprirent d'aller plus loin. Le 8080 connaissait déjà un grand succès auprès des concepteurs comme des amateurs passionnés et les deux hommes, tout naturellement, cherchèrent à créer une puce qui serait compatible avec lui. Cela permettrait, entre autres, d'accéder aux programmes déjà écrits pour lui. Grâce à leur expérience de première main du 8080, ils parvinrent à accroître le jeu d'instructions (les commandes en langage machine contenues dans le microprocesseur), grâce à l'introduction de registres supplémentaires, de codes opératoires à deux octets, etc. Le résultat final — le Z80 — représentait un progrès considérable.

Cette révolution au niveau des matériels s'accompagna par chance d'un bouleversement analogue au niveau des logiciels. En 1972, Gary Kildall et John Torode avaient écrit un programme appelé Control Program/Monitor — en abrégé CP/M — qui permettait à un microprocesseur de gérer les systèmes de disquettes, qui venaient de faire leur apparition. Kildall était lui-même consultant auprès d'Intel, et CP/M était donc prévu pour pouvoir tourner sur 8080 et 8085. Ce logiciel devint très vite le système d'exploitation de disquettes dominant sur le marché des micro-ordinateurs; Zilog se retrouvait donc dans des conditions idéales pour tirer parti de cet engouement, puisque le Z80 était compatible avec le 8080.

Cette réussite triomphale fut pourtant à l'origine des difficultés ultérieures. Si le Z80 se vend toujours aussi bien — la firme produit un million d'unités par mois —, le passage au stade des puces de 16 bits s'est révélé très épineux.

Le Z8000 fut la première tentative de Zilog en ce domaine. Si l'on y voit généralement un microprocesseur très puissant, pourvu d'un vaste jeu d'instructions et de nombreux registres, il est malheureusement très difficile à programmer. De surcroît, il n'est pas compatible avec le Z80, et il ne peut donc pas exploiter les innombrables programmes écrits pour ce dernier. Les constructeurs désirant mettre au point un ordinateur 16 bits avaient par conséquent tendance à rechercher une puce moins exigeante. Bien que compatible avec le Z80000 (ou Z80K) à 32 bits — mais ce dernier n'est pas encore disponible commercialement — le Z8000 ne connut donc qu'un succès limité. Les concepteurs de Zilog retournèrent à leurs planches à dessin, et la compagnie doit bientôt lancer le Z800, un 16 bits qui sera cette fois compatible avec le vénérable Z80. Celui-ci vient d'être choisi comme unité centrale des micros répondant aux normes MSX adoptées par de nombreux constructeurs japonais; et Commodore annonce une nouvelle série autour du Z8000.


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