samedi 16 avril 2011

Grace Hopper


Grace Hopper fut l'une des premières femmes à travailler sur les ordinateurs, et contribua à la création des langages évolués.




On considère souvent l'informatique comme un domaine strictement masculin. Pourtant les femmes y jouent un rôle sans cesse croissant, et de ce point de vue Grace Hopper fut l'une des pionnières. Sa contribution la plus importante se situe au niveau de la programmation : elle créa le premier compilateur et participa à la mise au point du langage cobol.

Une fois ses diplômes obtenus, Grace Hopper travailla d'abord à Yale, puis revint à Vassar, son université d'origine, pour y enseigner les mathématiques. Elle y demeura jusqu'à l'âge de trente-neuf ans ; il lui fut alors demandé de mettre ses compétences au service de l'effort de guerre, et elle travailla à divers projets de calcul pour le compte de la marine. En 1945, elle fut envoyée à Harvard pour collaborer avec le physicien Howard Aiken à la mise au point d'un ordinateur. Aiken avait contacté IBM en ce sens dès 1937 ; son projet était de construire un appareil qui aurait recours au matériel mécanographique classique. L'engin était encore de conception strictement mécanique, mais il était assez prometteur pour qu'IBM accepte d'investir dans la fabrication d'un modèle amélioré qui utiliserait des relais électromécaniques. Ce devait être le Harvard Mark II.

En ces temps héroïques, le seul moyen de programmer l'ordinateur était de le recâbler à chaque nouvelle opération. Au cours de l'été torride de 1945, Grace Hopper se retrouva bientôt submergée sous les câbles. Les militaires avaient impérativement besoin de nombreux calculs balistiques, et périodiquement le commandant Aiken passait en demandant : « Hopper, et mes nombres? » Après une panne particulièrement épineuse, dont la cause était une phalène entrée par la fenêtre et qui avait trouvé sa fin dans un relais, Grace répondit simplement : « Nous faisons la chasse aux insectes ! » (" We are debugging!"). Là est l'origine du mot bug, qui désigne en anglais une erreur de programmation (en français : « bogue ») et dont le sens premier est insecte. Le journal de bord du Harvard Mark II, conservé au Musée naval de Virginie, contient encore, à la date du 9 septembre 1945, 14 h 45, la toute première « bug », collée dans la marge après avoir été soigneusement récupérée avec une pince à épiler.

Deux ingénieurs, John Mauchly et Presper Eckert, construisaient à la même époque un autre ordinateur, l'ENIAC. Après la guerre ils montèrent leur propre affaire, afin d'assurer la production d'une version de cette machine tournée vers le monde des affaires. C'est avec ces intentions qu'ils demandèrent à Grace de se joindre à eux. L'appareil s'appelait l'UNIVAC (UNIVersai ACcounting machine, « machine à calculer universelle »). Grace s'occupa surtout de la programmation, et c'est en cherchant à mettre au point des programmes de gestion qu'elle eut l'idée de simplifier la réécriture de certaines routines de fonctionnement qui revenaient sans cesse. Faire écrire à l'ordinateur ses propres programmes était, pour l'époque, une trouvaille remarquable : Grace créa ainsi le premier langage de programmation et le compilateur qui devait en assurer la traduction en code machine. Il fut simplement appelé « A-O », et provoqua l'incrédulité des spécialistes, pour qui les ordinateurs pouvaient tout au plus faire des calculs arithmétiques ou manipuler certains symboles. Ils furent stupéfaits de voir l'appareil passer de lui-même à un sous-programme conservé en mémoire.

En mai 1959, le capitaine Hopper fut invitée par le Pentagone à se joindre à un comité de travail qui devait créer et standardiser un langage unique destiné aux ordinateurs de gestion. En moins d'un an cet organisme mit au point la première version du cobol (COmmon Business Oriented Langage). Grace avait joué un rôle important dans cette tentative de retenir les points forts de chaque langage existant, et d'offrir ainsi au monde des affaires un outil particulièrement performant. Le cobol est aujourd'hui encore très largement utilisé dans le monde des affaires — signe évident de la réussite de l'entreprise.


COBOL

Le COBOL fut l'un  des premiers langages explicitement prévus à l'intention des non-mathématiciens. Il favorise l'emploi de procédures générales rédigées dans un style de type narratif, plutôt que de recourir à des routines codées applicables à un seul type de problème. Un programme écrit en COBOL comporte quatre divisions. Identification : nom du programme, nom de l'auteur, références générales. Environnement : tous les détails relatifs au type d'ordinateur utilisé (bien que le COBOL permette de rédiger des programmes « translatables », tournant sur des appareils très différents). Données : employées dans de nombreuses parties du même programme. Procédures : ensemble des opérations de traitement des données.

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