samedi 16 avril 2011

James Powers & Hermann Hollerith - Jeux de cartes.


Hermann Hollerith et James Powers ont tous les deux développé des machines à cartes perforées. Leur rivalité dura six décennies.




Les machines que Hermann Hollerith inventa pour dépouiller les résultats du recensement de 1890 aux États-Unis évoluèrent vers une gamme d'appareils de traitement d'informations à utilisations variées, connus sous le nom de « machines à cartes perforées » ou « tabulatrices ». Jusqu'à l'apparition des premiers ordinateurs commerciaux dans les années cinquante, les machines à cartes perforées favorisèrent le développement de l'industrie et des affaires. A Pittsburgh, dans les années trente, un grand magasin expérimenta un système de comptes clients pour lequel deux cent cinquante terminaux disposés partout dans le magasin étaient reliés par lignes téléphoniques à des tabulatrices regroupées dans une même pièce. Le prix des marchandises était écrit sur des étiquettes perforées, et cette information était envoyée automatiquement aux tabulatrices qui ensuite enregistraient la vente et préparaient une facture pour le client, après diverses vérifications.

En fait, la concurrence dans les affaires a favorisé le développement des tabulatrices. L'exclusivité dont jouissait Hollerith pour la fourniture des équipements électromécaniques destinés au service de recensement poussa James Powers à fournir d'autres machines. Powers proposa un système de tabulatrices entièrement mécaniques. La rivalité entre les deux hommes, puis entre les deux sociétés qu'ils créèrent par la suite, stimula la croissance de machines de traitement de l'information.

En 1902, Hollerith dessina un tableau de connexions (ressemblant aux premiers standards téléphoniques) permettant de choisir les colonnes de la carte perforée à additionner et à sortir. Ainsi, la machine de Hollerith avait une possibilité de programmation qui faisait défaut aux machines inventées par son rival. En 1924, Powers fit breveter une méthode de représentation des données alphanumériques sur une carte perforée utilisant une seule perforation dans chaque colonne pour représenter un nombre et une combinaison de perforations pour représenter une lettre. Hollerith réagit rapidement en créant son propre système, la carte standard à quatre-vingts colonnes. Chaque colonne de cette carte comprenait douze lignes de perforations « lues » par des balais métalliques dont le contact avec une plaque de métal située sous la carte fermait un circuit électrique. Certains systèmes plus modernes utilisaient une cellule photoélectrique au lieu d'un balai.

Les premières tabulatrices servaient uniquement à compter ou à additionner, mais plus tard elles furent dotées de fonctions mathématiques plus avancées permettant de traiter les données. D'autres applications de ces nouvelles machines sont vite apparues. Des tabulatrices spéciales furent créées pour l'utilisation des tables de calcul, pour l'analyse des ondes et pour l'astronomie — ce sont des tabulatrices qui ont permis d'identifier Pluton en 1930. Les tabulatrices devinrent finalement suffisamment sophistiquées pour traiter en chaîne de grandes masses de données — IBM en a fait breveter une qui pouvait suivre les mouvements de dix mille comptes en banque.

Les machines à cartes

A leur apogée, dans les années cinquante, ces machines comprenaient huit unités différentes. Les données étaient mises sur carte à l'aide d'une « perforatrice » qui pouvait traiter deux cents cartes à l'heure. Une « vérificatrice » contrôlait les fautes de frappe, et lorsque les cartes vieillissaient, une reproductrice en perforait de nouvelles. La tabulatrice, elle, accumulait les totaux des données chiffrées dans les colonnes et sortait les résultats à une cadence de neuf mille cartes à l'heure. Cette tabulatrice était souvent reliée à une calculatrice mécanique qui fournissait des fonctions mathématiques plus complexes. L'« interclasseuse » avait pour tâche de comparer les informations contenues dans deux paquets de cartes perforées ou de regrouper les paquets. Enfin, la « trieuse » pouvait ventiler le paquet de cartes en treize piles différentes — une pile pour chacune des douze perforations et une pile pour les colonnes vierges.

Le fonctionnement de la tabulatrice était commandé par des caractères de contrôle dans les positions 11 et 12. Les cartes de contrôle étaient de couleur vive pour être facilement repérables dans une pile. Lorsque la tabulatrice rencontrait une carte de contrôle, elle commençait une nouvelle opération : par exemple, elle se mettait à compter dans une zone différente.


Hermann Hollerith
Hollerith inventa la « liseuse » de cartes électromécanique qui devint plus tard la machine à cartes ou tabulatrice. 

James Powers
Les machines de Powers étaient destinées à une seule application. Il s'est néanmoins révélé un rival sérieux d'Hollerith.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire