dimanche 17 avril 2011

Le futur, c'est l'avenir ( Xerox )


Xerox, la grande firme de matériel reprographique, fut l'une des premières à s'aventurer dans le domaine de la bureautique. Son excellente réputation est un atout majeur.




Au début des années soixante-dix, Xerox mit sur pied un vaste programme de recherche visant à réaliser un vieux rêve : disposer de l'information à volonté, comme l'électricité ou l'eau courante. Elle rassembla une équipe de chercheurs auxquels elle laissa carte blanche, et prit soin de les installer à Palo Alto, en Californie, c'est-à-dire le plus loin possible de ses propres quartiers généraux de Rochester, dans le New Hampshire.

L'idée se révéla fructueuse. Le PARC (Palo Alto Research Center) se trouvait dans le comté de Santa Clara, non loin de l'université Stand-ford, dont le département d'informatique était à l'avant-garde des recherches sur l'intelligence artificielle. La nouvelle communauté attira bientôt quelques-uns des meilleurs cerveaux de l'endroit et de nombreux étudiants de valeur passèrent sans effort de la pure théorie à la recherche industrielle. Le PARC devint même le centre de la nouvelle culture informatique; on y parlait un jargon accessible aux seuls initiés. Plusieurs produits de Xerox en cours de développement se virent dotés de noms de code facétieux : la série de micro-ordinateurs 820 fut ainsi appelée Worm, « le ver », parce qu'il devait « croquer la Pomme ».

L'équipe de recherche s'efforçait avant tout de mettre au point un « réseau » local. L'idée est aujourd'hui familière, mais les premières expériences de Xerox en ce domaine (à Hawaii à la fin des années soixante) avaient pour l'époque quelque chose de révolutionnaire. Connecter un gros système et un terminal était très onéreux, en raison du coût du câblage permettant une communication très rapide; et des problèmes se posaient dès que la longueur des câbles dépassait vingt mètres. Il était bien sûr possible de se servir du réseau téléphonique, mais cela restreignait l'échange de données à 9 600 bauds.

L'objectif du PARC était un réseau qui relierait entre eux des petits ordinateurs; il aurait une vitesse d'accès raisonnable, et l'utilisateur disposerait ainsi d'une plus grande puissance de calcul, tout en pouvant se raccorder à des appareils plus gros, à des mémoires sur disques durs, à des traceurs ou des imprimantes, autant de dispositifs coûteux. Ce fut l'idée de base derrière le réseau local Ethernet.

Les connexions y étaient réalisées grâce à un câble coaxial conventionnel, qui peut transférer 10 millions de bits par seconde, et se montre bien adapté à la transmission de sons numérisés, de graphismes et de données. De plus, le système pouvait s'étendre sur cinq cents mètres sans avoir besoin de relais amplificateurs. Un simple branchement permettait de se raccorder au réseau, ce qui lui donnait une souplesse exceptionnelle.
Le réseau lui-même, sous sa forme tangible, reste passif : toutes sortes de données y circulent, et un émetteur-récepteur installé sur chaque appareil détermine si telle ou telle information lui est bien destinée. Si c'est le cas, il décode le message et lui donne une forme acceptable pour l'appareil — qui peut être un microordinateur, une imprimante, un traceur ou tout ce qu'on désire.

Dès le milieu des années soixante-dix, Ethernet était opérationnel. Xerox pensa que l'appui d'autres grandes firmes permettrait au système de devenir un standard dans le domaine de la communication informatique. IBM, consulté, déclina une offre de participation. Digital Equipment accepta avec enthousiasme, et, en 1975, Intel se joignit à l'entreprise : soutien important, la firme se chargeant de mettre au point le microprocesseur qui équiperait l'émetteur-récepteur.

Ethernet fut d'abord testé en Suède, dans un établissement industriel expérimental : il passa brillamment l'épreuve, et fut adopté par bien d'autres constructeurs. Il est aujourd'hui un standard international reconnu et Hewlett-Packard, ICL en Grande-Bretagne, Siemens en Allemagne et Olivetti en Italie ont décidé de s'y rallier. Xerox a eu l'idée audacieuse d'en vendre les brevets pour 1 000 dollars seulement, afin d'imposer plus sûrement le système.


Avant LISA

Une des plus grandes réussites du PARC fut le STAR, un système de programmation qui recourait au langage smalltalk et qui opérait, en combinant programmes et données, au sein d'un même fichier. Le LISA d'Apple doit beaucoup à ce type d'étude.



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